Miryam Núñez : ''Un nouveau départ''

27/02/2024

La championne d'Équateur débarque dans le Sud-ouest. Miryam Núñez a rejoint l'équipe continentale franco-canadienne Primeau Vélo - Groupe Abadie à l'intersaison. Elle nous a évoqué ses expectatives en 2024 mais aussi l'évolution du cyclisme féminin dans son pays.

Crédit photo. Felipe Benitez
Crédit photo. Felipe Benitez

Miryam Núñez est la cycliste de référence en Équateur. Sa victoire lors du Tour de Colombie 2020 et ses exploits répétés en Amérique latine lui ont permis d'intégrer, il y a deux ans, l'équipe espagnole Massi Tactic et de se frotter au cyclisme européen. 

Comment abordes-tu cette nouvelle saison avec Primeau Vélo - Groupe Abadie ?

J'ai la chance de pouvoir rester dans le peloton européen. En Europe, c'est un niveau radicalement différent d'en Amérique latine. Je suis heureuse de pouvoir continuer à disputer des courses UCI.

C'est un nouveau chapitre dans ma carrière. Je serai en France, ce sera une nouvelle langue. Je pense que ce sera très différent de ce que j'ai connu en Espagne avec Massi Tactic. Ce sera un grand défi à relever pour moi, tant de briller lors des courses que de m'adapter à l'équipe.

J'espère que l'apprentissage du français ne sera pas trop difficile. L'anglais n'est déjà pas facile, alors le français… (rires, ndlr) J'espère que je pourrai les comprendre et qu'eux me comprendront.

Agua Marina Espínola sera la deuxième latino-américaine de l'équipe, finalement ce n'est pas tant un saut dans l'inconnu ?

Je la connais depuis plusieurs années. On a disputé de nombreuses courses ensemble, elle avec la sélection paraguayenne et moi avec l'Équateur. Quand elle courrait pour Canyon et moi pour Massi Tactic, on a vraiment appris à mieux se connaitre. Agua m'a aidé à retrouver une équipe en Europe. 

J'ai hâte de partager à nouveau des entraînements avec elle et que l'on continue d'écrire l'histoire du cyclisme latino-américain.

Crédit photo. EFE
Crédit photo. EFE

Tu es montée sur le podium des Jeux Panaméricains en octobre avec elle, ce podium est-il ta plus grande satisfaction professionnelle ?

J'ai beaucoup souffert pour obtenir cette médaille (d'argent, ndlr). Je venais d'un bon bloc de courses en Europe mais je savais aussi à quelle point la concurrence serait forte. Ce sont des mini Jeux olympiques, pour y participer il faut se qualifier et ils ont lieu tous les quatre ans. 

C'est l'évènement cycliste le plus important en Amérique. J'étais la seule représentante équatorienne. C'est une médaille dont je me souviendrai toujours.

Tu as perdu ton grand-père juste avant ces jeux, quel impact est-ce que cela a eu sur toi ?

J'ai eu de la chance que la course sur route se tienne huit jours après la mort de mon grand-père. J'ai voyagé trois après son décès, et j'ai terminé dernière de la première épreuve, le contre-la-montre.

C'était très difficile. Il y avait un dilemme : rester avec la famille ou voyager au Chili pour disputer les Jeux Panaméricains car j'avais travaillé dur pendant ces quatre années pour y être présente.

Mon entourage voulait que je participe à ces jeux. Mon grand-père aimait le vélo. J'ai voulu honorer sa mémoire. Pendant, la course je pensais à ma famille. Je voulais leur apporter de la joie dans ce moment si difficile.

Crédit photo. Federación ecuatoriana de ciclismo
Crédit photo. Federación ecuatoriana de ciclismo

Que penses-tu de l'arrivée de tes jeunes compatriotes Natalia Vásquez, Natalie Revelo et Daniela Carphio au Portugal, est-une nouvelle avancée pour le cyclisme féminin en Équateur ?

Je suis heureuse de savoir que je ne suis plus la seule équatorienne à courir en Europe. C'est une excellente nouvelle pour le pays. Elles vont pouvoir découvrir un cyclisme différent et j'espère qu'elles s’adapteront bien.

Il y a une autre bonne nouvelle. Désormais, la fédération équatorienne impose aux clubs et équipes de compter dans leurs rangs au moins une coureuse. On se dirige donc vers une massification du cyclisme féminin.

J'aimerais aussi que la fédération puisse envoyer une sélection féminine lors des courses comme le Tour de Colombie, le Tour du Guatemala et le Tour du Costa Rica. Ça ne s'est pas encore fait et beaucoup de coureuses comme moi ont dû chercher une équipe étrangère pour pouvoir disputer ces épreuves.

Miryam Núñez portera pour la première fois son nouveau maillot de championne d’Équateur sur route version Primeau Vélo - Groupe Abadie, en Croatie, lors des trophées Umag (28/02) et Porec (03/03).

PROPOS RECUEILLIS PAR AYMERIC PEZE